dimanche 18 juillet 2010

Le trou.

Le son de sa clé dans la porte d'entrée a toujours été pour moi le générique de fin de mon feuilleton préféré, il a faim quand il rentre le soir dans son nuage de fumée de narguilé et de cigarettes, il se dirige machinalement se changer dans la chambre à coucher tandis que moi je prends route vers ma cuisine.

Le temps que chauffe rapidement mon fait-tout, que je verse deux assiettes et il est là dans son pyjama et son marcel blanc sale,  je lui envoie mon "Salut" à quoi il répond en quelques syllabes indiscernables, et s'assoit commençant à manger sans m'attendre comme d'habitude.
- Quoi de neuf ? Dis-ai je.
Il hocha la tête tout en continuant à se goinfrer de mon met dont il oubliera la dénomination sitôt sorti de la cuisine.
- J'ai vu ma mère aujourd'hui, elle te passe le bonjour, et tu sais pour le mariage de ma cousine ...
J'ai dû m'arrêter de parler, il avait placé sa main sur son front me montrant qu'il avait mal à la tête et disant :
- J'ai eu une journée pénible, n'en rajoute pas.
- "Désolée." ai-je répondu tout doucement, comme d'habitude.
Sans finir son assiette, il se leva regagner sa télé, j'ai dû tout finir vu qu'il n'apprécie pas que je jette de la nourriture, et ne tolère pas être servis quoi que se soit dépassant trois heures d'âge.

Une heure plus tard, j'avais tout nettoyé, tout rangé, thé vert à la menthe prêt,je le lui apporte au salon, coïncidant avec la fin de son émission sportive, il le goulu cul-sec en se levant me dire : "allez, on se couche".

"On se couche", mon vrai calvaire journalier commence avec cette phrase, depuis des années je me traine au lit conjugal qui ne conjugue que ma détresse, je me dévêtit totalement gardant une nuisette et je me glisse sous la couette attendant mon sort.

Il vient,  avec ma nuisette, il a compris que mes les ours n'ont pas encore attaqué, il fait le tour de la pièce vérifiant que les fenêtres sont bien fermées, il jette rituellement un coup d'oeil sous le lit puis il éteint la lumière.

Je le sens  entrer sous la couette et je commence à prier, prier qu'il soit vraiment très fatigué ce soir,  mais rares sont ces jours , et sans y aller par quatre chemins, il passe sur moi, avec son marcel et son pyjama rabaissé et dont la boursouflure  de ceinture ne va que me faire mal aux intérieurs des cuisses, et il commence son tâtonnement, dans le noir, cherchant son trou, le trou qu'il a épousé, ce droit qu'il a acheté et que je devai mettre à sa disposition ce soir comme tous les autres soirs, et avant qu'il ne m'en perce un autre avec son acharnement je l'aide avec ma main, et il pousse, à sec, me déchirant la chair comme chaque soir, j'essaie de me retenir, mais la douleur me fait gémir, et il pousse, il pousse, la minute qui dure une éternité, pour que finalement j'arrive à sentir les saccades de son acide baignant mes entrailles.

Il se rabat sur moi haletant son haleine fétide de fumée froide, je tend la main rapidement déchirer de l'essuie-tout, dans le noir, tentant de ne pas trop salir les draps pendant que son instrument de torture reprenait sa taille de repos.

Je lui mis dans la main une feuille essuie-tout, il se balança sur son côté comme un gibier qu'on venait d'abattre, je le sentais remontant ces affaires en tassant son essuie-tout, pour me donner le dos et commencer à ronfler.


Et là, malgré ma douleur, je suis devenue contente, heureuse, ce ronflement était le signe pour moi d'aller voir mon vrai amant et vivre avec lui mon plus beau moment de ma journée, je me suis levée en silence, pris ma cape de bain, et allée regagner mon pommeau de douche.

6 commentaires:

  1. c'est trop triste !! ca rend dingue une vie pareille.

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  2. Je ne sais si je dois la plaindre ou la blâmer...

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  3. Laisser tous les soirs un "acide" pénétrer ses entrailles. Sentir se déchirer sa chair. Mais de quelle sorte de nature était-elle faite cette femme ???!!!
    J'ai eu mal au coeur pour elle mais pour accepter tout cela peut être bien qu'elle trouve son compte. Elle ne peut avoir son plaisir qu'après une souffrance. C'est ainsi sont faites quelques personnes !
    Bakhta

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  4. @sonia: certaines femmes vivent ceci, parfois même sans le pommeau de douch, elle a trouvé un mécanisme de fonctionnement différent du cadre "normal", et quel cadre "normal", j'ai toujours parlé aux gens,entendu des confidences, et le cadre "normal" n'existe peut être pas.

    @Mayday: Elle est soumise, il y'a beaucoup de femmes dans son cas, elle a trouvé quand même un certain équilibre, elle a été conseillée d'utiliser des produits intimes (dont elle ne savait même pas l'existence), pour réduire la douleur physique.

    @Bakhta: Il y'a peut être un aspect masochiste, mais je pense que plutôt elle troque sa journée de plénitude/femme "normale" contre cette minute contractuelle, ce qui me gêne personnellement c'est effectivement ce côté contrat mais c'est un autre débat, je me dis (je me répète peut être) que son mari la considére vraiment comme un trou et rien de plus (ce qui est malheureusement le cas pour plusieurs), ce qui n'a pas empêcher cette femme-objet d'avoir une vie sexuelle particulière mais qui la rend quand même heureuse.

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  5. Si je peux conseiller à cette femme une chose c'est d'aller voir son amant avant de se mettre au lit cela va changer la donne : Il ne poussera plus "à sec" mais il glissera comme sur des roulettes et cela prolongera sûrement encore son plaisir -je le lui souhaite- !

    Le mari, Gar, pense remplir son devoir conjugal sûrement comme il sait faire. Je dirais même que s'il considère sa femme comme un trou c'est un peu -beaucoup- qu'elle le laisse penser ainsi et ne réagit pas de son côté, non ?
    Le contrat Gar, il n'a même pas été respecté. Un contrat entre deux personnes devrait être consenti par les deux et entendu sur tous les points mais dans ce cas il est signé par une seule et l'autre partie donne droit au "légataire universel" de disposer d'elle comme il le souhaite ! Il n'y a plus d'équilibre et la balance casse !
    A qui revient le tort, à celui qui fait ou à celui qui laisse faire ? Aux deux ou à personne ?
    Un débat long et large !
    Bakhta

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  6. Je suis entièrement d'accord avec Bakhta. Quand je dit qu'il faut peut être la blâmer ce n'est pas par rapport à sa soumission (encore faut-il définir les "critères" ou les raisons de cette soumission) Mais surtout par rapport au fait qu'elle ne fait aucun effort pour changer ou atténuer le calvaire de cette "minute contractuelle". Une solution qui lui conviendrait serait déjà ce que vient de proposer Bakhta, ce serait un bon début. Mais je pense qu'elle est en mesure d'aller plus loin et d'"humaniser" un peu, du moins sexuellement, son mari.

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