mardi 11 mai 2010

Jalousie ?

J'ai servis le dîner , et je lui ai souris, j'été contente, paisible , je savais que je l'aimais, je savais qu'il m'aimait, tous les couples sont des cas à part, mais tout le monde croit qu'il est à l'image de l'autre, rien n'y est vrai, l'amour n'est jamais ce qu'on décrit, c'est ce qu'on ressent, c'est ce qu'on vit.

Quand je suis rentrée vers 18 heures, il m'a lancé son habituel "Bonsoir chérie", et comme tous les jours,  c'était le moment le plus tendre de la soirée, je me suis changée et je suis dépêchée à la cuisine, et il m'y a suivi, comme d'habitude, me prenant par derrière pendant je mijotait ma petite marmite sur le feu, collant sa joue sur la mienne me tenant avec ses gros bras qu'il ne cesse de muscler, et me chuchotant en douceur "Bien passée ta journée au travail aujourd'hui ?", rien au monde ne m'aurait remplacé cette étreinte, depuis le temps où notre vie intime c'est résignée à des bises et quelques caresses, je ne voyais rien venir, je sais que c'est moi, cela fait bien longtemps que l'idée de faire l'amour me répugne, il a toujours essayé, mais rien n'y fait, est ce cette dernière fausse couche ? est ce le décés de ma soeur ? est ce cet âge qui commence à dessiner rides sur mon visage ? l'envie en moi est chassée par le dégoût, et je ne saurais point l'expliquer.

Je n'étais pas au travail lui qui m'y croyait, Je venais de rentrer apaisée d'une longue ... longue marche dans les environs, à penser, à méditer, à pleurer sur mon sort sur ce qu'est devenue ma vie, je devais sortir, je devais respirer cet air, revoir ce mariage à la dérive, et qui arrive à port, le choix était difficile, mais que valait mon ego ?  qu'est ce  le bonheur ? est-il caché dans des parties de jambes en l'air qu'on se répugne d'offrir ? qu'est ce que je peux offrir d'autre que ma tolérance ? l'acceptance de sa nature d'homme ? lui, il m'accepte, vivre sans enfants, sans vie intime, il est toujours resté avec moi, il m'a toujours parlé, et j'ai manifestement toujours fait la sourde oreille, il me fallait un bon coup de poing pour me réveiller, ses besoins ne sont pas morts avec les miens, je lui étais aveugle, sourde, lui qui me faisait tout pour me rendre heureuse, non , je n'ai pas le droit d'être jalouse, ce sentiment destructeur n'a aucun sens dans ma vie, je prendrais ma part, et laisserais à César ce qui est à César.

Quand je suis rentrée tôt aujourd'hui de mon travail, ils étaient les deux sur le lit, sur notre lit , plongés dans leurs mouvements frénétiques dégoûtants écoeurants, leurs ébats arrivaient jusqu'à la porte d'entrée que j'ai ouverte avec un minimum de bruit de peur de le réveiller, moi qui le croyait dormir fatigué comme il me l'avait toujours dit, ils n'avaient même pas pris la peine de fermer la porte de la chambre à coucher, habitués ? le lit couinait, elle gémissait et mon coeur criait, pleurait, et je me suis échappée ... sans faire de bruit.

Jamais je n'ai cru avoir à subir ce supplice ce soir, je voulais rentrer lui préparer une bonne lasagne, comme il l'aime, et comme je l'aime, il est toute ma vie, mon amour, mon ami, mon frère, mon père, mais moi qu'étais-je  ? sa femme ? je ne l'étais que partiellement, devant la société peut être, dans ma tête peut être, mais pas totalement dans la sienne, je saurais quand même vivre heureuse en le laissant vivre heureux; que d'autres lui donnent ce que je ne puis avoir, in fine, c'est dans mon lit qu'il passera ses nuits.

6 commentaires:

  1. La jalousie n'est pas le sentiment adéquat pour cette femme. Quelque chose est mort en elle, ou c'est plutôt toute belle sensation que peut ressentir une femme ou tout être humain n'existe plus pour elle.
    Elle trouve répugnant toute intimité avec son homme, mais elle accepte si passivement de dormir à ses cotés sur le même lit où des bons moment il a passé avec une autre.
    Elle a besoin de plus qu'une marche ou de quelques larmes pour trouver la paix ou pour se retrouver.

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  2. Beau texte.
    Y à plutôt quelque chose qui est né chez elle. Il faudra attendre une suite de cette histoire.

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  3. TOI OU PAS TOI
    UNE THERAPIE S IMPOSE
    KOIKOI

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  4. Merci à tous de m'avoir lu, c'est une histoire malheureusement et comme d'habitude trés inspirée de faits réels.

    @Illusions : La frigidité (masculine ou féminine) est un mal en général mal vécu par le partenaire, quand le dialogue est absent, quand on se referme sur soi, tout semblera normal. Se remettre totalement en cause est une autre histoire, difficile, parfois pour certain impossible.

    @Cbam : Merci ! J'espère publier le reste :), le fin mot de l'histoire est assez grotesque que j'ai évité de le publier, je n'y manquerais pas à le faire.

    @Anonyme : Effectivement, dans un monde idéal une thérapie s'impose, dans certains microcosmes la notion de thérapie est inexistante, impossible, et il faut faire avec les moyens de bord.

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  5. Étrangement, dans cette histoire, c'est l'homme qui me fait le plus de la peine. Sa compassion -ou peut être même son amour- pour sa femme est telle qu'il reste avec elle et que, comme elle le dit, "c'est dans son lit qu'il passe ses nuits" des nuits plates et ternes... Et ce, malgré le fait que presque plus rien ne le lie à elle: ni enfants, ni sexe... Que reste-t-il? l'amour? Mais qu'est ce que l'amour sans désir? un amour fraternel??
    En même temps je me demande pourquoi la notion de thérapie est elle inexistante? je ne comprends pas. Comment peut-on s'acharner à faire bonne figure, sans chercher des solutions radicales, au lieu d'en finir tout simplement? Ce qui, dans ce cas, serait un soulagement pour tout le monde.

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  6. @Mayday:
    "Mais qu'est ce que l'amour sans désir? un amour fraternel?" cette notion je la trouve trés intéressante, l'amour sans désir est effectivement une notion qui frôle l'absurdité.

    La vie conjugale ne se résume pas au sexe ni aux enfants pour elle, elle en a conscience que c'est peut être important, mais quand on cogite on minimise trop à tort parfois les impacts d'une telle ou telle valorisation, le sexe : pas important pour elle, alors, il n'est pas "primordial" pour son mari.

    Le bien et le mal sont des notions trés subjectives, ce qui est sûr c'est qu'elle a pris le même chemin que son mari, à dire, extraire la vie sexuelle de leur vie conjugale, pour permettre à cette dernière de survivre, elle ne veut pas se séparer de son mari, ni lui d'elle, ils adaptent leurs hypochrisies.

    Je reviens rapidement sur la notion de "thérapie", dans certaines société les sexologues sont quasiment inexistants, et les psycho-thérapeutes sont tellement mal vus qu'on ignore leur existance , il faut avoir un certain état de conscience de son état pour s'y rendre.

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