lundi 7 février 2011

Apolitique.

Il n'a que cinq ans et demi, entendant ce qui se passait autour de lui ce fameux 14 janvier 2011, il me posa la question qui le turlupinait :
- "Le président s'est barré ? "
- "Oui à ce qu'il parait"
- "Et maintenant on n'a plus de président ?"
- "Oui, on va voir ..."

Il m'a coupé la parole avec un trés grand sourire montrant ses petites molaires et avec des yeux grand ouverts qui brillaient la joie : "Donc maintenant on peut faire ce qu'on veut !!!!!".

J'ai rit sur le coup, en gros pour lui, pas de président donc il n'y a plus de loi, donc aucune limite, cependant une certaine amertume m'a gagné, sa vision est certes assez limitée du monde, et la vie sociale lui est encore étrangère, j'ai essayé de lui expliquer quand même les divers rôles du gouvernement (idéalistiquement bien sûr) sachant qu'il ne va rien comprendre encore.

Je ne pouvais pas le blâmer, il est encore trop jeune pour comprendre le sens derrière le mot liberté, mais les jours qui suivent, pillages, désordre , "dégages", heurts, morts m'ont fait songé à l'âge du peuple, je ne me faisais pas d'illusions quand au tunisien moyen pris dans les vagues politico-sociales qui déferlent comme un raz-de-marée, et dans l'étau d'une vie économique en détresse, je savais pertinemment qu'un certain chaos allait s'installer, j'avais foi en notre élite et encore une fois j'ai eu tort.

Cette élite que je pointe du doigt, faisant semblant de chercher la liberté du peuple et son bien, n'est manifestement interessée qu'à sa part du gâteau, un gâteau présenté sur un plateau doré finement ciselé par des slogans tout cons de parts et d'autres, une gauche qui se manifeste de je ne sais d'où , un UGTT jadis adorateurs du régime qui s'y mettent a mettre de la poudre sur le feu et une droite qui se meût au grès des vagues sans parler des partis religieux soufflant un air d'incertitude et de désaccord.

Le seul accord que j'ai vu c'est que tout le monde s'appelle "opposition", cela me fait rire, mais opposition par rapport à quoi ? à qui ? ceux qui sont capables de calmer le jeu, de temporiser, de laisser le feu s'éteindre sont muets, il est de mon devoir de saluer notre armée (dont tout le monde fuyait et cherchait des excuses délabreuses pour ne pas faire leur service) qui jusqu'à maintenant montre une grande neutralité politique.

Je termine ma note en songeant fort à ces pauvres gens pris dans des ficelles de marionnettes et qui gesticulent au gré de personnes qui n'ont jamais changé à la tête de leur parti/association, utilisant la souffrance d'un peuple et sa lassitude pour arriver un jour à s'assoir sur une chaise et nous faisant revivre la même galère encore une fois, à ces têtes je les invitent dans la meilleure patisserie de la Tunisie, et je leur offre à chacun le gâteau qu'il veut, mais qu'ils laissent la Tunisie tranquille.